Adieu Cindy Garcia

Dans ces années-là, Rosemont était encore un quartier ouvrier des plus modeste. Je fréquentais alors l’école du quartier, une école dirigée par des frères maristes avec déjà plusieurs enseignants laïques mêlés au corps professoral religieux. Dans la grande salle de l’école qui pouvait autant servir d’amphithéâtre que de gymnase, les garçons de septième année étaient tous alignés debout côte-à-côte. Devant eux, assis en indiens directement par terre, un peu pêle-mêle, tous les plus jeunes de la première à la sixième qui écoutaient sans parler. Sur le mur du fond, bien assis sur les plus belles chaises de l’école, celles en chêne blond avec de confortables appui-bras, tout le corps enseignant, le frère Bonneau, obèse directeur reconnu pour sa sévérité et ses doigts parfois plutôt longs, sa secrétaire et le concierge, un monsieur de l’amicale mariste, le curé de Sainte-Philomène avec quelques vicaires et abbés. Derrière la rangée de garçons debout, le frère Côté qui déambule de long en large. Un cancre chante en faussant Gros Jambon de Réal Giguère jusqu’à ce qu’un blanc de mémoire vienne interrompre sa médiocre prestation. Le visage du pauvre garçon passe au rouge écarlate. Quelques rires étouffés mal retenus viennent momentanément briser la loi du silence. Le frère retire sa main de l’épaule du cancre, lui dit d’aller s’asseoir avec les autres. Le frère arpente derrière le long rang d’élèves toujours debout, faisant languir les pauvres garçons; s’il met la main sur l’épaule de l’un d’eux, celui-ci doit commencer à chanter à son tour. S’il ne trouve plus rien à chanter ou si la mémoire lui fait défaut en chemin ou s’il reprend par distraction un air déjà chanté auparavant, il doit abandonner et aller rejoindre le public assis par terre. À la fin il ne reste plus qu’un seul champion. On jouait régulièrement à ce petit jeu mais aujourd’hui, c’était la dernière ronde. Les quatre derniers vivants iraient chanter avec les quatre finalistes de l’école de filles voisine le jour de la remise des bulletins, seul jour de l’année où les garçons de Saint-Jean-de-Brébeuf et les filles de Sainte-Philomène se retrouvaient réunis dans la même salle. Frais débarqué à Montréal en sixième année, comme un indésirable petit “colon” de campagne débarqué de l’Abitibi, je finissais généralement bon deuxième, derrière Daigneault, le parfait petit Daigneault, rossignol à la voix d’or de la grand-messe de onze heures, fils de la présidente du comité de parents et chouchou incontesté des frères maristes. Deuxième, c’était tout de même suffisant pour que j’aille chanter contre les filles.

Il y avait bien quelques filles que j’observais de l’autre côté de la haute clôture de broche entre les deux écoles, hypocritement, aux récréations et à la pause du dîner quand les deux cours d’école étaient bondées. Carole Denis, dont je connaissais le nom parce qu’elle habitait sur ma rue et que l’épouse de mon père embauchait sa mère à l’occasion pour des travaux domestiques. Petite brunette de type rieuse et espiègle, avec un corps athlétique auquel la puberté avait déjà commencé à tracer des formes, spécialement celles qui énervent les garçons. Louise Bérubé, notre voisine du deuxième, snobinarde mais néanmoins très jolie blonde qui me rappelait les belles petites polonaises sur ma rue à Bourlamaque quand j’étais tout petit et qui, pour énerver les garçons, trichait en raccourcissant sa jupe d’écolière aussitôt qu’il n’y avait plus de religieuse en vue, exposant beaucoup plus de peau blanche qu’il n’en fallait pour énerver des cohortes de garçons de 12 ou 13 ans. Finalement, et comment ne pas la remarquer, la seule petite fille noire de toute la cour d’école Sainte-Philomène, belle comme un oiseau rare mais j’ignorais encore son nom et son prénom, je travaillais là-dessus. Il y avait beaucoup plus qu’une haute clôture de broche entre moi et ces jeunes filles. Il y avait une conviction sincère qui m’habitait, que j’étais seulement de passage à Montréal, à la première occasion je retournerais en Abitibi, en fugue ou autrement, et je n’aurais d’aucune façon voulu faire de peine à une fille. Quel romantisme innocent, quand j’y repense. Il y avait aussi cette barrière sociale malicieuse entre les gens natifs de Montréal et les “colons” comme moi venus des régions dont on se payait la tronche à la première occasion. Mais lorsque le regard de l’une de ces filles se tournait furtivement vers le mien à travers les mailles de broche, la puissance de la testostérone naissante avait tôt fait de me faire oublier toutes ces barrières. Il ne restait que la barrière invisible mais bien présente de la timidité à franchir, la montagne des émois à escalader et cela appelait en moi les plus souffrants mais les plus beaux malaises du monde dont je me souvienne. Et le soir venu, des soupirs gros comme la lune qui m’accompagnait dans la coupable découverte toute solitaire de l’exultation du corps.

Dans ces années-là, dès qu’une chanson brûlait les palmarès en Angleterre ou aux États-Unis, les gogos locaux se précipitaient sur leurs crayons pour pondre une traduction française, fût-elle boboche et bâclée au possible, et passaient la nuit même en studio à endisquer leur version sur des arrangements vite faits. Il fallait battre la compétition à tout prix. Il est même arrivé quelques fois que deux versions de la même chanson sortent le même matin dans les radios de la province. J’avais besoin de battre le rossignol à Daigneault lors de cette ultime compétition. Je voulais finir en tenant la meilleure chanteuse de l’école des filles par la taille devant une foule aussi excitée qu’ébaubie de voir un “colon” de l’Abitibi voler la palme au petit rossignol de Rosemont. À la guerre comme à la guerre, dans les semaines avant la compétition, j’avais appris plusieurs nouvelles chansons pour être bien certain de ne pas manquer de munitions. Jusqu’à la veille même du concours, les oreilles soudées à la radio, enregistreuse en mains, j’attendais la grande nouveauté du jour pour porter le coup de grâce à ce Daigneault de merde que je m’imaginais en train de dormir profondément sur ses lauriers. Imaginez ma chance, une chanson était débarquée le soir même, directement de Paris où elle enflammait déjà les palmarès comme un baril de poudre à canon. Même pas besoin d’attendre la version française des gogos de chez nous. Et cette chanson allait même devenir un succès boeuf sur une bonne partie de la planète, j’allais frapper un grand coup, c’est sûr.

Quand j’y pensais sérieusement, je me disais qu’aucune fille pour laquelle j’aurais pu avoir de l’intérêt pouvait utiliser mes origines abitibiennes contre moi, ce serait trop injuste. Élevé dans un véritable melting-pot des nations à travers les enfants de mineurs venus de l’Europe de l’est, de l’Europe danubéenne, d’Angleterre ou même d’Asie, ma mère me disait toujours que sa grand-mère était venue de Pologne à quinze ans, les aïeux de mon père étaient venus de Normandie il y a plusieurs générations de cela, que nous étions tous venus d’ailleurs, que nous étions tous pareils dans le fond. Je ne serais jamais un montréalais tout comme je ne pouvais pas passer directement de l’enfance à la vie adulte. Je devais m’habituer à vivre dans un monde plutôt ingrat pour un garçon de mon âge, de région, qui veut se faire une blonde à Montréal. Je voyais dans le concours de chant la plus belle opportunité de me faire voir sous mon meilleur jour par Carole Denis, Louise Bérubé et peut-être même la charmante petite fille noire dont j’ignorais le nom. Peut-être même la chance de m’intégrer un peu plus dans l’identité montréalaise et de faire oublier mon statut de “colon”.

La semaine avant le concours j’avais vu Carole Denis et Louise Bérubé marcher bras-dessus bras-dessous avec les frères Gagnon sur la rue Masson. Deux grandes fripouillles boutonneuses qui se voulaient la terreur de la rue Dandurand et qui avaient toujours les goussets bien remplis des fruits de leurs multiples petites rapines malhonnêtes. Je pensais bien que mon chien était mort avec elles. Je les ai vus entrer tous ensemble au Canada Hot Dog. Le seul charme que les Gagnon, laids comme des poux, pouvaient utiliser pour s’attirer les filles était leur capacité à les empiffrer de cheeseburgers-frites, de hot-dogs et de Coke à volonté. Tant pis pour elles, avais-je pensé, elles avaient beau se laisser aller dans les cheeseburgers et les frites graisseuses si le coeur leur en disait, elles avaient bien le droit de prendre de l’avance à se faire pousser un gros cul de future bonne femme de Rosemont, avais-je pensé sous le coup d’une déception certaine et de la plus mesquine jalousie.

Les frères avaient aménagé à même la grande salle une sorte de loge, une structure de tubes d’acier encerclée de rideaux noirs. J’étais arrivé un des premiers et je relisais mon cahier de chansons quand le frère Côté est venu me voir.

–“Est-ce que tes parents vont venir, jeune homme?” m’a-t-il demandé.

–“Mes parents?”

J’ai ouvert une craque dans le rideau noir et j’ai vu les seize chaises où devaient prendre place les parents des huit finalistes. J’avais peur que le frère aie procédé à des invitations sans m’avertir. Trop préoccupé ou distrait, ou par exprès allez savoir, je n’avais parlé à personne de cette compétition. Quelques chaises étaient déjà occupées mais aucun signe de la famille. J’ai refermé le rideau.

–“Ils sont probablement en retard,” que j’ai répondu tout bêtement.

Aurais-je pu tout simplement oublier d’en parler? Toutes ces longues heures de mémorisation et de pratique caché dans le fin fond de la cave n’étaient certainement pas destinées à impressionner mon père ou son épouse. Je ne voulais pas qu’ils soient là. J’avais mon propre agenda.

Lorsque les autres garçons sont arrivés, Daigneault la grande vedette en dernier naturellement, j’ai rangé mon cahier de chansons et je me sentais prêt, confortable, confiant. Les efforts que j’y avais mis devenaient payants. J’ai même senti que mon attitude décontractée avait semé un inconfort chez les autres garçons. Puis, le frère Côté nous avait donné les consignes de politesse puisque soeur Catherine viendrait bientôt nous présenter les quatre filles finalistes. Je savais d’ores et déjà que Carole Denis et Louise Bérubé n’étaient pas parmi elles. Je le savais parce qu’on me l’avait dit, mais aussi parce que je savais qu’elles chantaient comme deux dindes sur le point d’être égorgées. Je les avais déjà entendues chanter dans les balançoires du parc Pélican. Mais elles seraient dans la salle. Puis les filles sont entrées dans la loge de fortune à la suite de sœur Catherine. Et elle était là, la petite fille noire. Elle s’appelait Cindy Garcia et malgré un vocabulaire français de loin supérieur aux cancres de ma classe, elle avait un léger mais ô combien charmant accent qui lui venait de sa famille anglophone originaire de Porto Rico mais qui avait aussi vécu aux États-Unis. Il était aussi fascinant pour moi de voir les filles autrement que dans leur uniforme scolaire de tous les jours. Les familles avaient mis le paquet sur les vêtements des filles. Généralement, dans le Montréal de ces années-là, les anglais étaient les riches d’office et les canadiens-français les gueux. Il faut croire que l’ordre des choses changeait avec la couleur de la peau. Cindy Garcia détonnait à travers les autres filles dans sa robe de bazar de sous-sol d’église, quelques mailles apparentes dans ses bas trois-quarts blancs et ses petits souliers vernis qui trahissaient leur âge malgré un cirage zélé. Le jupon de la pauvreté dépasse toujours un peu sous les robes de la misère. Mais je m’en foutais, Cindy Garcia était de loin la plus belle à mes yeux. Lorsque nous avons été présentés, elle n’avait pas pu retenir un timide sourire probablement adressé à mon visage soudainement rouge pompier. Et à la main tremblante et moite qu’elle avait délicatement serrée en me regardant droit dans les yeux.

Les discours officiels avaient duré un mois et demi avant qu’on vienne nous aviser de sortir et de se placer chacun sur notre espace désigné pour amorcer la compétition. On nous avait annoncé à la dernière minute que les règles différaient quelque peu pour cette occasion spéciale. C’était la première fois que la compétition rassemblait garçons et filles. On garderait d’abord le meilleur garçon et la meilleure fille qu’on opposerait en finale en leur faisant chanter au complet une chanson de leur choix. Le public choisirait le grand vainqueur par applaudissement. J’ai alors fixé le rossignol de Rosemont droit dans les yeux avec un regard théâtral qui lui lançait au visage des poignards en feu et je suis sorti le premier de la loge en regardant droit devant, en lui marchant sur un pied au passage.

Bien installé sur mon X, quelque chose de spécial doit s’être produit. En voyant les deux sièges de la famille vides, j’ai compris qu’il n’en tenait plus qu’à moi maintenant et j’ai chanté comme je n’avais jamais chanté auparavant. Et quelque chose d’autre s’est produit. Lorsque le frère Côté enlevait sa main de mon épaule pour passer à un autre garçon, j’entendais la salle applaudir. Je ne pouvais faire autrement que de ressentir ces applaudissements comme une surprise hallucinante et bouleversante à la fois. Je n’étais peut-être plus un petit colon d’Abitibi tout d’un coup. Et les chansons sont venues l’une après l’autre, facilement et naturellement, sans bavures ni fausses notes et des têtes tombaient au fur et à mesure. Puis, quand il ne restait plus que moi et le chouchou du côté des garçons, le frère Côté, un sourire frondeur au visage, a mis la main sur l’épaule de Daigneault. Un silence pesant a envahi la salle un long moment. À la surprise générale, Daigneault stoïque s’est lentement mis à regarder le sol, à renifler, assailli par des soubresauts intempestifs et le frère gardait toujours sa main sur son épaule, beaucoup plus longtemps que de coutume. Aucun son ne sortait de la bouche du chérubin à la voix d’or. Et on a entendu du fond de la salle un garçon crier, “T’es fini Daigneault, tu voé ben, va donc t’assir à c’t’heure!

Le frère Côté a retiré sa main, furieux.

Cindy Garcia attendait, seule dans la loge. Son visage s’est illuminé lorsqu’elle m’a vu entrer.

–“Tu as été vraiment super, les gens étaient avec toi!” me dit Cindy.

–“Toi aussi tu as été franchement et de loin la meilleure,” que je lui réponds en réalisant ébaubi qu’une jeune fille noire pouvait rougir, au moins changer de coloration un brin.

–“Est-ce que ça t’intimide d’aller en finale contre moi? Contre une fille, je veux dire,” me demande-t-elle

–“Aucunement, rien que d’avoir battu le petit rossignol des frères maristes, j’ai déjà ma victoire. Le frère s’est acharné sur moi mais j’étais fin prêt, il me restait des chansons en masse, je n’ai même pas utilisé mon arme secrète.”

–“Je t’ai déjà remarqué, tu sais,” qu’elle enchaîne, “j’ai bien vu que tu m’observais dans la cour d’école.”

–“Ah oui?”

–“Mais ça ne me dérange pas,” continue-t-elle, “je t’observais moi aussi.”

Je ne savais plus où me mettre ni quoi dire. Les deux jambes sciées, complètement sous le charme de Cindy Garcia qui semblait loin d’être insensible elle aussi. Carole Denis et Louise Bérubé pouvaient se bourrer la face de cheeseburgers pour le restant de leurs jours si ça leur tentait et venir le cul quatre pieds de large. Je ne sais pas d’où m’est venu le courage mais je lui ai demandé :

–“Dans quel coin tu habites, on pourrait peut-être se faire une petite fête de champions quelque part cet été, non?”

–“Ce ne sera pas possible,” qu’elle m’a répondu le visage soudainement métamorphosé par une tristesse évidente, “on déménage la semaine prochaine, la famille s’en retourne à New York. Mon père a épuisé tous ses recours. Un rond-de-cuir de l’immigration a ordonné qu’on quitte le Canada, mon père n’a jamais réussi à avoir sa résidence.”

Ça ou un voyage de briques sur la tête . . . j’ai donc appris les émois amoureux par la logique polonaise inversée, j’ai eu ma première peine d’amour avant même d’avoir véritablement eu une blonde. Après un long et malaisant silence, Cindy m’a demandé ce que je chantais en finale. Il me restait le super tube arrivé hier qui faisait déjà trembler l’Europe et que personne ne connaissait encore ici. Alors j’en ai profité pour tricher un peu.

–“J’ai une chanson rien que pour toi, ça vient de Paris et c’est tout nouveau, ça s’appelle Adieu jolie Cindy.” Évidemment j’ai falsifié les paroles originales qui parlaient plutôt d’une Candy. Elle avait rougi encore une fois.

Sœur Catherine venait nous avertir à travers le rideau qu’il fallait se préparer à monter. Elle s’est levée, je me suis levé et je lui ai souhaité bonne chance avant qu’on quitte la loge. Elle s’est approchée et elle m’a embrassé rapidement sur la bouche avant de tourner les talons vitesse grand V et aller se placer sur son X. Elle a livré une superbe interprétation d’Amazing Grace et elle a remporté une victoire bien méritée.

Lorsque que les rubans nous ont été remis, sous les applaudissements, le photographe du journal local nous a placés un à côté de l’autre, m’a fait passer un bras derrière elle, ma main sur sa hanche délicate. Un fier petit “colon” d’Abitibi et une pauvre enfant noire déportée avaient volé le concours aux méprisants petits montréalais. J’ai vu sur les joues de Cindy Garcia descendre quelques larmes, on pouvait les voir sur la photo du journal.

J’ai marché jusqu’à la maison. J’étais tellement troublé. De plus, j’étais aussi quelque peu embarrassé de n’avoir rien dit à mon père, alors je suis rentré en catimini, sans rien dire. Je ne sais pas combien de temps je suis resté avec la conviction que la grandeur de l’amour se mesurait à la hauteur des barrières qui nous séparent de ceux qu’on aime, des mois, des années peut-être. J’espérais bien que quelqu’un noterait quelque chose dans mes humeurs, m’aiderait à comprendre cette sorte de choses. Une mère, par exemple. Ou un père. Mais rien de tout ça ne s’est passé.

J’avais intercepté la livraison du journal local et découpé la photo avant qu’on ne la voie à la maison. J’ai broché le ruban sur la photo et je les ai faits disparaître dans un livre à moi. Je la regardais occasionnellement le coeur un peu patate. Des années plus tard, je l’ai sortie de sa longue cachette et je l’ai accrochée sur un babillard au-dessus de mon bureau dans ma chambre. Un jour, mon père l’a vue et m’a demandé ce que c’était. J’aurais voulu lui dire que c’était la première fille qui m’avait déchiré le coeur, que ce concours était la façon que j’avais trouvée pour me prouver que je valais mieux que mon statut de petit “colon” d’Abitibi, de passer de l’enfance innocente à la vie de jeune adulte, de découvrir par moi-même si l’amour était la plus belle ou la plus cruelle chose au monde. Mais, connaissant mon père, je ne lui ai rien dit de tout ça.

Je lui ai dit que j’avais gagné la deuxième place dans un concours chez les frères maristes en septième année et il m’a simplement dit :

“Ah, c’est bon.”


 

Flying Bum

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7 réflexions sur “Adieu Cindy Garcia

  1. Hey bonyenne. On est conteur ou on l’est pas, hein?

    Pis juste de même… la phrase où ma gorge s’est serrée… :
    « J’espérais bien que quelqu’un noterait quelque chose dans mes humeurs, m’aiderait à comprendre cette sorte de choses. Une mère, par exemple. Ou un père. Mais rien de tout ça ne s’est passé. »

    Pis celle où j’me suis dit « On est québécois où on l’est pas »…:
    « Carole Denis et Louise Bérubé pouvaient se bourrer la face de cheeseburgers pour le restant de leurs jours si ça leur tentait et venir le cul quatre pieds de large. »

    Maintenant, pas obligé de me le dire, mais quand même, j’suis curieuse… c’est le titre de la chanson qui t’as inspiré l’histoire… ou il s’est vraiment passé queq’ chose de même pour toi à l’école St-Jean-de-Brébeuf?

    Pis là, une sorte de post-scriptum…
    Ma mère a vécu les dernières années de sa vie sur le terrain même de l’école Ste-Philomène, où elle avait fait ses années de primaire… Une bâtisse de la ville réservée aux 45 ans et plus. Elle y a été très heureuse d’ailleurs. Après 35 ans à Tétreaultville.

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    • Merci pour tes beaux commentaires. On n’avait pas droit aux chansons populaires chez les frères maristes où j’ai effectivement fait la fin de mon primaire frais débarqué d’Abitibi. Les cahiers de la bonne chanson et cette sorte de choses, un peu de folklore ça allait si c’était propre. J’ai cherché et trouvé que “Adieu jolie Candy” est sortie exactement cette année-là, alors un gars peut broder, faut que le lecteur y trouve son compte. Je n’ai changé aucun nom, sauf les frères Gagnon, pas un vrai fou le Flying Bum 😉

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      • Je te lis et il me revient en mémoire qu’à l’école secondaire (j’allais à Louise-Trichet, qui existe encore), plusieurs religieuses de la communauté des Filles de la Sagesse nous enseignaient. Je garde un souvenir précieux de Soeur Lucille, qui m’a enseigné le français en sec. IV et m’avait laissée choisir un monologue de Michel Tremblay pour ma présentation orale de fin d’année. Elle m’avait non seulement encouragée à le faire, elle m’avait aussi aidée à répéter et m’avait même fourni la bouteille de Coke, mon seul accessoire à part la table pis la chaise. Quand je repense à ce moment-là, ça me fait chaud au coeur. Le monologue en question est « Maudit cul », celui de Rose Ouimet dans les Belles-Soeurs… Le plus explicite, mettons. Fallait l’faire.

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      • On rit, mais je garde un excellent souvenir des frères maristes, spécialement du frère Côté, un homme remarquable. Je l’ai un peu varlopé mais je suis sûr qu’il en rirait. Et le vrai nom des frères Gagnon c’était . . . roulements de tambour . . . . Gagné. Vra comme chu là 🙂

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  2. Quel chouette texte ! Suis toujours autant fasciné par tous ces noms de lieux, là où probablement je n’irai jamais. Ils me sont étranges et familiers en même temps grâce à la langue commune que nous parlons. Et cette histoire qui prend sa source un peu dans la Pologne me rappelle tant des miennes arrivant d’Estonie. Et cette narration qui fait de grands écarts entre la poésie et le « terre à terre », et qui provoque ces émotions… il y aurait encore bien des rubans à placer là. Heureusement qu’il existe des Daigneault comme des Cindy Garcia, on dirait même qu’ils n’existent que dans le but qu’on veuille les aplatir, où les porter au pinacle sinon où donc irait l’élan, où donc irait la rage ?

    Parfois quand je pense à ma fascination pour les auteurs américains, Truman Capote, Raymond Carver notamment, je ne peux plus m’empêcher de penser qu’elle est due en bonne part à cette notion d’exil. Et avec le temps une langue peut devenir cette sorte de pays natal je le crois bien. Pour ce texte j’ai vraiment retrouvé ce plaisir cette saveur d’un exotisme apparent qui sitôt qu’on le gratte un brin me ramène à l’intime, à l’enfance, à cette armure d’humour dont on s’habille pour ne pas trop abîmer sa vulnérabilité, pour rencontrer le monde. Merci l’ami.

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