Éclairs de grille-pain (3)

À la une : C’est ce qui se produit si on échappe une rôtie bien tartinée sur les deux côtés. Elle ne sait plus de quel bord tomber et défie la gravité pour toujours. Vous l’aurez appris ici.


ToasterWonderComme un salmigondis, tutti-frutti. De tout et de rien, ce qui vient à l’esprit lorsque le nez totalement séduit par l’odeur de pain grillé, debout devant le grille-pain, on attend. Temps mort. Craque dans l’espace-temps. L’esprit s’éparpille en tout sens. Et on attend. Et l’esprit déraille. Un moment traverse le cortex. Et dès que, ô joie, sautent les deux belles tranches bien grillées, toutes ces pensées ébouriffées fuient vers les limbes désennuyer les petits bébés pas baptisés. En voici encore une fois, de ces idées singulières parfois, interceptées à temps juste pour vous, fidèles lecteurs. Vous me remercierez lundi.


Les girafes

Quel humain aurait pu être assez génial pour inventer la girafe? La question se pose. C’est un magnifique animal et c’est génial une girafe, surtout quand les chèvres sont passées avant et ont mangé toutes les feuilles du bas. Parfois, les yeux fermés dans mon lit ou dans une chaise longue l’été, je pense à elles, les girafes.

J’espère que les girafes pensent aussi à moi parfois.


Moi et les GIF

J’adore les GIF. Un que j’ai fabriqué pour un texte qui n’est jamais venu – encore.

VERSION6


 

Sa reine est partie

Lui, il est au lavabo, il lave de la vaisselle et son vieux chien se met à japper comme un désespéré. La bête se précipite sur la clôture au bout du terrain. Une bande d’adolescents passe devant la maison avec des cornets de crème glacée dans les mains. De bons enfants qui aiment cependant plaisanter avec le vieux chien et le narguer un peu avec leurs beaux cornets. Généralement, ça excite la grosse bête, son jappement monte en volume et en intensité jusqu’à ce que lui le rappelle et le fasse entrer dans la maison pour le calmer. Étrangement, aujourd’hui le chien se fatigue assez rapidement de l’arrogance des adolescents, cesse de hurler, tourne finalement le dos à la clôture et s’en retourne penaud près de la maison là où sa meilleure amie – elle, l’épouse – avait l’habitude de s’assoir en fin d’après-midi, un banc de bois où elle s’allongeait après s’être débarrassé de ses sandales, elle fumait une cigarette tranquille en caressant longuement la tête du chien qu’elle était allée chercher elle-même à la fourrière il y a de cela une dizaine d’années. Lui, il regardait par la fenêtre devant le lavabo, il observait le chien pendant qu’il faisait des tours alentour du banc, huit, neuf, dix tours, la mine patibulaire comme s’il faisait ces tours à contrecœur. Il s’assoyait ensuite prenant la pose d’une lionne, relevait la tête et le nez haut dans les airs comme pour se faire caresser, reniflait l’air doux du printemps, puis il soupirait un grand coup avant de se laisser choir devant le banc vide.


Deux petits GIF d’un artiste que je serais incapable d’identifier qui font référence à la folie de dégenrer tout ce qui bouge en communications.iwd-logo-8

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Le coeur d’une truite morte

Derniers spasmes, de la chaudière s’échappe le bruit d’une ultime danse, un son liquide, quelques flabadaps qui éclaboussent des eaux sales. Un lit de papier journal et la lame coupante qui te pénètre du cul jusqu’aux ouïes. On te passe un doigt tout le long de la colonne, un sploutch de viscères visqueux émerge de ton abdomen bleuté défoncé, étalage indécent d’organes divers sur un article du papier journal, un fait divers qui fait dresser les poils. Une situation de débâcle liquide malodorante, une ampoule explosée, énorme furoncle éclaté, comment tu t’es ramassée là, stupide truite. Un ver juteux? Une fausse mouche en polyester jaune? Tu veux retourner à l’eau maintenant? Tu y vas. Un puissant jet de robinet pour ta dernière rincée, en v’là de l’eau. Contente?

La farmes-tu ta yeule à c’t’heure? stupide truite, ça a été une dure journée pour tout le monde.


 

Et si c’était ça l’amour?

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L’amour est plus fort que tout !
OK . . .
Mais l’envie de chier se défend pas mal aussi.


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Elle roulait des yeux

(Roman Harlequin à deux personnages en moins de 200 mots seulement)

Elle marchait sur la plage, sa longue chevelure ondulant comme les vagues sous le soleil couchant et elle roulait des yeux. Un beau gosse apparaît au loin, marche vers la belle et triste jeune fille.

“Pourquoi es-tu si triste,” demande-t-il en s’approchant tout près d’elle.

Elle s’est retournée brièvement vers lui, le dernier roulis d’une vague venait délicatement lécher son pied.

“Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi?” demande-t-il.

“Non, j’ai bien peur que non,” soupire-t-elle en roulant des yeux, toujours.

“Qu’y a-t-il donc?” insiste-t-il.

“Je ne sais plus moi-même. Seulement quelqu’un qui m’aime le saurait.”

“Alors, laisse-moi essayer.”

Il a pris sa main, tourné la paume vers le ciel en la soulevant très délicatement. Pendant un bref moment qui aurait bien voulu se figer dans le temps, elle observait au creux de sa main le soleil couchant qui s’y berçait.

“Oui, c’est cela. C’est bien cela que je veux,” murmure-t-elle, surprise et ébaubie.

“Je sais,” dit-il, “je sais. . . mais je ne t’aime pas.”

Puis il a repris sa route laissant la vague lentement effacer la marque de ses pas derrière lui dans le sable blanc.


 

Zappa Forever

tu y crois dur comme fer

sans réaliser vraiment

tu crois dur comme fer

que ce sera pour toujours

alors

quand Zappa meurt

tu te fais tatouer

sa face longue

sa grosse moustache

ses gros sourcils

give me your dirty love

directement sur ta cuisse

la moue manquée

tatoueur bon marché

on dirait qu’il rit

Zappa, pas le tatoueur

comme elle

son cher Leon Russel

sur sa cuisse à elle

this song for you

tellement ancré

dans l’univers

dans l’instant présent

tellement beau

mais encore

et aussi ensuite

vient son départ

pour de bon

tu deviens ce triste type

qui

chaque fois qu’il chie

est observé de près

triste et résigné

par Frank Zappa

Zappa forever

on dirait qu’il rit

crampé

le tabarnak.


 


Le Flying Bum

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Bonus : Le hit de l’été !

3 réflexions sur “Éclairs de grille-pain (3)

  1. Me suis délectée, amusée, étouffée de rire. Ai recommencé ad libitum (l’auto-correcteur a presque eu le temps de glisser libido). Me suis délectée, amusée, étouffée de rire. Que du bonheur. Merci, Luc!

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