les dents qui claquent
les bottines élimées
pauvres pas qui craquent
la croute de la noirceur gelée
la morve colle aux moustaches
les gueux les gueuses en arrachent
deux par deux les cerises patraques
tournaillent dans la nuit de janvier
deux par deux les fous braques
braquent en vrac et sans pitié
deux par deux culs, bien au chaud
dans les gros chars blancs et bleus
les cervelles au ralenti
des grosses faces de beu
à qui on prête un bon jugement
que la raison toujours nous dément
sans peur et sans reproches
dans tous les recoins moches
promènent leurs lampes de poche
quinze-cent piastres par ci
quinze-cent piastres par là
le petit ministre joli l’a bien dit
personne dehors, va où tu voudras
les mains en l’air mon hostie
le couvre-feu pardonne pas
un péché du calvaire
pauvre gars pas de maison
traîne sa vie dehors à soir
la carcasse un gros glaçon
la misère tournée en infraction
quinze-cent piastres calvaire
coudonc, je vas prendre la prison
ma vie vaut pas trente sous
aussi bien aller me cacher
pas un vrai christ de fou
où personne oserait aller chier
à moins trente-six plié en six
où le facteur vent passe tout droit
et personne laisserait son chien là
crever pour se cacher de la police
mourir gelé dans le gros silence
la honte et l’indifférence
ça ou tuer un homme à mains nues
varger, danser et pisser dessus
la police pas de cuisse numéro 36 a rien vu
béat sans se faire la moindre bile
le petit ministre joli dort au chaud bien tranquille
la vie, hostie
mon frère, christ
la mort, calvaire
À la mémoire de Raphaël André, itinérant innu mort gelé à Montréal dans une cabine de toilette chimique pour fuir la police.
Flying Bum
Maintenant disponible en version audio. Interprétation vocale: Doris St-Pierre
2021 n’offre guère plus d’espoir que tout ce qui s’est produit auparavant. On se dirige vers l’inhumain à fond la caisse mine de rien. On ne sait même plus contre quoi cracher, se battre pour que tout ça s’arrête. Tous les « ismes » ont fait chou blanc , étouffés dans l’œuf par l’imbécilité en veston qui pour s’exprimer ne sait plus que compter. Les victimes ne se comptent plus par contre, y a que de la data. De l’enfumage à tous les coins de rue. Crever ainsi est bien misérable et renvoie l’image d’une société encore plus misérable. C’est comme la salissure qui attaque le blanc de la neige. Quelque chose qui fait mal au cœur vraiment. Le texte le dit bien, j’adhère comme un flocon, si ça pouvait rendre le blanc blanc et la vie à la vie… si seulement.
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La solidarité est encore utile. Hier soir, après 3 semaines de ce décret gouvernemental qui forçait les sans-abri à respecter le couvre-feu sans que l’état ne soutienne davantage les organismes qui les hébergent la nuit, un de ceux-ci a obtenu un jugement d’une cour en leur faveur. Le gouvernement Legault à dû faire volte-face (et en perdre un bout au passage). Les itinérants ne pourront plus être harcelés et mis à l’amende. Je vous rappelle que Legault avait déclaré que si on faisait exception pour les itinérants, tout le monde pris dehors en période de couvre-feu pourrait s’en sortir en se proclamant itinérant !!!
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Merci, Luc.
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Et bravo pour l’audio.
Une lecture sobre et touchante.
Je l’entendrais bien
dans l’église de Radio-Can
à la place d’un évangile…
bref… si j’avais des contacts…
Se rappeler Raphaël.
Et l’inconscience ambiante.
Merci Luc. Merci Doris.
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