Si l’espoir

Trois superbes pépées à la plage, trois soeurs, Colombe, Hélène et ma mère Isabelle. Vous aviez remarqué le barbouillage en bleu sur la photo? Je m’amuse à imaginer grand-mère Bureau qui censure au stylo le haut des cuisses de ma mère trop exposées à son goût aux prudes regards de l’époque. On voit où la progéniture d’Isabelle a puisé la libre-pensée, cette belle impudeur de l’esprit. Je lui donne à peu près 16 ans sur la photo, 18 au pire. On est donc entre les deux guerres, elle est née le 26 janvier 1920.

À pareille date, le 21 juin 1965 j’en étais au tout dernier jour de ma deuxième année, elle décédait sous le bistouri à l’Institut Neurologique de Montréal. Année après année depuis, mon karma s’énerve aux vents fous de juin soufflés par la fébrilité singulière de la fin des classes, le début du long congé d’été, la liberté retrouvée qui refait des enfants les êtres de lumière qu’ils sont vraiment, excités et heureux. Tout cela me ramène toujours à elle malgré toutes ces années. Tant que le coeur me pompera un sang d’encre, elle sera pour moi la conjonction sublime de toutes mes joies et toutes mes peines.

Pour toi maman en ce triste anniversaire, un petit poème d’une libre-penseuse de chez nous et de ton époque :

 

Si l’espoir… (1928)

 

On dit, mais je ne puis le croire,

Qu’un jour vient où le coeur est las

D’espérer, et qu’en sa mémoire

Il n’est plus de parfums, hélas !

 

Se peut-il que nos rêves meurent,

Chers esquifs emportés soudain ;

Que longtemps nos âmes les pleurent

Sans retour d’autre lendemain ?

 

Se peut-il que notre jeunesse

Ait un soir comme le printemps

Et que vaine soit notre ivresse

Comme un souffle des autans ?

 

Se peut-il qu’une onde glacée

Préside aux destins du réel ?

― Où vas-tu, heure cadencée

Où tout chante un hymne immortel ?

 

Hélas ! si ma pauvre âme ardente

Doit un jour pleurer et souffrir,

Venez à l’heure confidente

Me consoler, ô souvenirs !

 

Faites vibrer avec tendresse

Encore mon luth éperdu,

À vous ma dernière caresse

Si l’espoir doit être perdu.

 

               Marie Ratté (1904-1961)

Marie Ratté photo par Amos Carr 1930

(photo d’Amos Carr, circa 1930)

 

Flying Bum (Loulou, Joe Picoté le Vidangeur)

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Note: La photo me trouble lorsqu’au lieu d’y reconnaître Colombe, Hélène et Isabelle, j’y vois plutôt dans l’ordre Catherine et Daphnée (filles de mon frère Marc) et une version transgenre de mon fils Emmanuel. La ressemblance est étonnante.

 

 

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