Oubliez le HIV, les ITS, les MTS, la FTQ, voici maintenant que le STC vous menace. À moins que vous ne fassiez partie de cette frange parfaite (et par le fait même éminemment haïssable) de la population de la planète (et ils sont peu nombreux), il y a de fortes chances que vous vous soyez retrouvé dans une situation qui a potentiellement toutes les chances de bien aller mais qui tourne brutalement au vinaigre. Vous savez exactement comment contrôler la situation et vous savez exactement quoi dire et quoi faire mais des forces occultes s’emparent d’une quelconque partie de votre corps et s’en servent sans pitié contre vous. En bref, votre propre corps s’improvise en traître contre vous-même. Résultat, tout se met à chier. Vous êtes à chier, rien ne va plus.
C’est le Syndrôme de la Trahison du Corps.
Selon les circonstances, le STC s’exprime par la génération spontanée d’énormes boutons d’acnée à des endroits tout sauf discrets, des montées de couperose ou d’urticaire, des mèches rebelles résistantes au peigne ou au meilleur spray net, un ramollissement des genoux ou des hanches qui nous donnent la démarche d’un ivrogne, une subite haleine de soupe pas très fraîche, l’apparition d’énormes cernes sous nos aisselles ou des spasmes de la langue qui nous fourche misérablement dans la bouche et ce, dans un moment où nous aurions eu tout avantage à paraître sous notre meilleur jour, une entrevue d’embauche par exemple.
Dans un monde où la science fait des miracles, il doit assurément exister une cure contre le STC. Un article publié dans La Psychologie pour les nuls il y a quelque temps déjà recommandait de mettre en pratique une thérapie dite par auto-causerie. Je suppose que cela veut dire qu’il faudrait qu’on se parle à soi-même. Et non seulement faudrait-il se parler, il faudrait par la suite se prêter (bien qu’elle nous appartienne déjà) une oreille attentive. Jusque là, je n’ai rien contre l’idée à moins qu’il ne faille ensuite se donner la réplique à soi-même et que ça ne devienne une source de discorde à l’interne et ne finisse par nécessiter l’intervention d’un consultant interne, chose qui n’existe pas naturellement. Et tous ces conflits internes consomment beaucoup de notre précieux temps qu’on pourrait beaucoup mieux investir ailleurs, à savourer des cheeseburgers ou déconner sur Facebook pour ne citer que ces deux exemples.
Un autre article du même éditeur suggérait une thérapie par la gestion efficace de nos perpétuelles attentes de contentement, un laisser-aller dans la rationnalisation de nos échecs et un meilleur contrôle sur les auto-limitations qu’on impose à nos pensées. Tout ceci m’apparaît un peu négativiste, à moins que vous ne fassiez dans l’auto-flagellation, un peu nouvel-âgeux aussi, excellent pour ceux qui croient aux entités, aux coachs personnels et autres êtres supérieurs.
Je fais partie de ceux qui priorisent une tactique plus simple. L’auto-dérision est assurément la meilleure façon de désamorcer le Syndrôme de la Trahison du Corps. Parce que lorsque vous êtes capables de rire de ces manifestations incongrues de votre corps à des instants critiques, vous leur déniez le pouvoir qu’elles exercent sur vous, vous leur servez le bon vieux châtiment royal de la trappe et les empêchez d’agir empiriquement. Vous dites haut et fort à ces gestes détestables que votre corps pose sans votre permission qu’ils sont tout bêtement comiques. Parce qu’ils le sont. Rire de soi-même est une technique qui a épargné à des milliers d’individus qui n’en avaient vraiment pas les moyens de lourdes factures de thérapies de toutes sortes, et j’en suis.
Alléluia, je suis pauvre et con !
- AVERTISSEMENT: Rire de soi-même est une thérapie qui doit s’exercer de façon interne et en silence parce que vous ne pouvez tout simplement pas vous promener partout en riant de vous-même à haute voix. Vous savez, les gens jugent et les gens jasent. L’intention derrière ce texte n’est pas de se substituer à toute pratique sérieuse de la psychologie ou de la psychiâtrie et le Syndrôme de Trahison du Corps n’est pas vraiment une maladie mentale ni même une condition reconnue. Si la lecture de ce blogue ou votre situation personnelle devenait soudainement troublante, consultez un professionnel immédiatement.
Flying Bum