Sudoku, ukulélé, karaoké et koi enkore?

Le sudoku (prononcé soudocou en français) est rarement prononcé soudocou par les amateurs que je connais personnellement. Il s’agit d’un jeu en forme de grille dont les bases ont été jetées en 1979 par l’Américain Howard Garns mais quelqu’un a dû les retrouver avant que les vidanges passent (exemple d’un autre art japonais célèbre, le Dajaredad joke en anglais).

On sait qu’il s’est inspiré du carré latin ainsi que du problème des 36 officiers du mathématicien suisse Leonhard Euler pour le créer. Un carré latin est un tableau carré de n lignes et n colonnes remplies de n éléments distincts dont chaque ligne et chaque colonne ne contient qu’un seul exemplaire. La plupart du temps, les n éléments utilisés sont les entiers compris entre 0 et n-1. Suivez-vous toujours? Pour ce qui est du jeu des 36 officiers, ce jeu semble être une création du mathématicien suisse Leonhard Euler (1707 – 1783), probablement inspiré par le carré magique indien qui inspira probablement en 1895 le « Carré magique diabolique » à l’origine du Sudoku. Ishhhh. Comme pister une taupe à l’oeil, finalement.

En 1779, le mathématicien suisse Leonhard Euler définit et étudie en détail les carrés gréco-latins d’ordre n, sur les alphabets grec et latin puis sur les entiers strictement positifs. Il produit des méthodes pour en construire si n est impair ou multiple de 4. Il  reste donc à traiter le cas où n est congru à 2 modulo 4. Il remarque qu’il n’existe pas de carré gréco-latin d’ordre 2 et illustre l’ordre 6 par son célèbre problème des trente-six officiers. Le vertige que je ressens à l’instant n’a d’égal que celui que je ressens quand ma tête décide que je danse le quickstep et que mes jambes font la sourde oreille aux commandes de mon cerveau et se foutent complètement de ma gueule.

Pour vulgariser un peu, voici comment son inventeur définissait son jeu (excusez le vieux français, c’est littéral) : « 36 Officiers de six différens grades et tirès de six Régimens différens, qu’il s’agissoit de ranger dans un quarré, de manière que sur chaque ligne tant horizontale que verticale il se trouva six Officiers tant de différens caractères que de Régimens différens. »

Sauf pour mon vénérable beau-père qui a fait une brillante carrière dans l’ingénierie des métaux et qui excelle aujourd’hui au sudoku, je crois que le sudoku est une sorte de cortisone pour tous ceux et celles qui n’ont pas eu l’opportunité de faire carrière d’ingénieur ou de mathématicien et qui en ont conservé une vive amertume. Ce petit jeu les détend et transporte leurs esprits dans d’autre pays où les chiffres sont rois et leur joie à fréquenter la cour mathématique leur fait oublier jusqu’à la laideur de leurs habits de finissants en massothérapie orientale.

La vie nous apporte tous nos lots de regrets et plusieurs tentent de consoler leurs peines des plus étranges façons, en pratiquant des activités compensatoires quelquefois surprenantes. Moi, si j’avais à nommer une source de regrets digne d’inonder mes yeux de larmes brûlantes, la musique viendrait au premier rang et de loin. Je l’ai tant aimée la salope mais elle ne m’a jamais offert son coeur en retour. Agace-piccolo!

MyLipsJ’ai essayé pourtant. Je me souviens qu’on partait mon ami Claude et moi une fois par semaine vers la lointaine banlieue pour aller suivre les enseignements d’un génie musical patenteux qui avait inventé une méthode fool proof pour la compréhension théorique de la musique. La méthode qui portait le nom de son inventeur, méthode Cournoyer donc, consistait en une série de réglettes coulissantes en plastique qui domptaient les gammes, les harmonies et même les orchestrations les plus complexes d’un simple tour de main. Grand bien me fît. Je me suis acheté un basson parce que j’adorais la musique d’ambiance de Bugs Bunny et je me suis inscrit à des cours privés. Mon professeur, une jeune fille austère qui s’époumonait sur son basson pour l’orchestre métropolitain, ne connaissant Bugs Bunny ni du lièvre ni de la dent cependant.

Plus tard, on m’a acheté en cadeau d’anniversaire, sous ma requête à peine subtile, une belle guitare sèche. Malgré la géniale méthode et la meilleure motivation du monde, comme quand je me crois un danseur de quickstep, ça n’a jamais vraiment fonctionné ni du vent ni de la corde, ni du bout de la gueule ni du bout des doigts, mes extrémités ne comprennent ni du cul ni de la tête. Pourtant, j’avais assez d’oreille pour avoir été, enfant, un chanteur des plus talentueux. Mes cousines m’appelaient même parfois le petit Josélito de Val d’Or et plus tard, un frère des écoles chrétiennes me harcelait pour que je lui livre Manu , mon plus jeune et sang de mon sang, pour les petits chanteurs de l’Oratoire. Je pourrais, comme bien des musiciens dans l’âme comme moi, mais frustrés par une coordination déficiente des membres supérieurs, me joindre à une chorale pour m’amuser et compenser. Mais je dois avouer que depuis Josélito en culottes courtes, j’ai aussi entretenu une relation de près de 40 ans avec les Sweet Caporal et les Player’s qui m’empêcherait fort probablement de pousser la note au goût de la madame en avant qui gigote avec le petit bâton dans les mains.

Pour ce qui est des instruments, le long tube pas maniable, la petite patente en roseau qui nous force à des prouesses avec les muscles de la langue, tous ces trous et tous ces pitons, ces clés, toutes ces cordes de métal qui blessent les doigts au sang, cette encombrante caisse de bois avec son long manche plein de divisions, les clés qui déloussent et nous font fausser les rares fois où on est convaincu d’avoir les doigts à la bonne place, tout ceci ramasse aujourd’hui la poussière dans quelque cagibi.

Je sais ce qu’il me faudrait pour enfin exhulter. Il me faudrait probablement un truc ni lourd ni encombrant, tout petit, comme une guitare mais en miniature, un manche court avec beaucoup moins de divisions, avec moins de cordes, mettons quatre, plus espacées, et en quelque matière moins agressive pour les doigts comme le nylon. On me souffle à l’oreille, ça existe? C’est le ukulélé, merde. L’ami Claude en joue aujourd’hui à ce que je sache, il savait des choses que j’ignorais, heureux homme.

Je peux toujours me rabattre sur un petit karaoké icitte et là, être Gordon Lightfoot pour un soir en braillant des Sundown, quand mon fils Manu ne monopolise pas le micro. C’est toujours mieux qu’un baiser au derrière.

Flying Bum

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2 réflexions sur “Sudoku, ukulélé, karaoké et koi enkore?

  1. Moi qui ai joué au premier mot de ton texte tout mon saoul, du coup j’ai bien ri.Cependant ce n’est pas par amertume, mais plutôt dû aux (con)séquences d’une longue période de déséquilibre et d’immobilité réduite.

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