Nous avons tous à vivre avec cette calamité des temps modernes, le spam (pourriel en français nouveau). Nous en recevons tous les jours et ils nous tombent dessus de partout, courriels, messagerie texte, messageries-cellulaires, groupes de discussion, etc. Dès qu’on clique sur quelque chose de louche, ils se mettent à popper à l’écran sans arrêt et remplir nos boîtes de courriels indésirables. Les experts estiment que jusqu’à 60% du trafic sur la toile est constitué de spams. Rien de plus écoeurant que d’être continuellement victime de ces cochonneries des temps modernes. L’industrie des logiciels anti-spam génère des revenus annuels de près d’un milliard de dollars aux États-Unis seulement. Agacé, je me suis lancé dans une petite recherche sur le mot spam lui-même.
Et parlant de spam, les plus vieux ou les plus pauvres d’entre nous se rappeleront sans doute, en parlant d’écoeuranterie, de cette merveilleuse autant que mystérieuse viande industrielle imitant vaguement le porc et le jambon en phase d’overdose d’assaisonnements étranges, qui se vendait en conserve qu’on ouvrait à l’époque avec une clé comme les sardines. Ce délice de la nouvelle cuisine industrielle a d’abord été commercialisé sous le nom de Spiced Ham par la compagnie Hormel, puis sous nom actuel de Spam® en 1937, je dis actuel puisque ça existe toujours (!).
La Food and Drug Administration organisme américain équivalent à Santé Canada chez nous a vite interdit au fabricant d’utiliser le mot jambon pour définir son produit (ishhhh). Ceux-ci ont alors décidé alors de ne conserver que les deux premières et les deux dernières lettres pour créer la marque Spam.
Lorsque les militaires américains ont occupé le sud du Pacifique pendant la guerre 39-45, il était extrêmement compliqué d’approvisionner les troupes en viandes fraîches. 100 millions de livres de Spam® (plus de 45 millions de kilos) leur ont été expédiés en ravitaillement pendant la durée de la guerre. Les militaires en mangeaient pour déjeuner, pour dîner et pour souper. Les soldats appelaient le Spam® du jambon qui n’a pas passé ses examens physiques ou encore du pain de viande qui n’a pas eu son entraînement de base. Encore aujourd’hui, il se consomme 3.8 boîtes de Spam® chaque seconde en Amérique du Nord. Il se vend dans 41 pays répartis sur 6 continents et son nom est protégé par des brevets dans plus de 100 pays. Toujours populaire dans le sud-Pacifique, sur l’île de Saipan les restaurants McDonald’s y sont les seuls au monde qui l’offrent au menu comme viande à burger. À Hawaï où il est toujours apprécié, on l’appelle le steak hawaïen.
Quel rapport, me direz-vous, entre le nom que l’on donne à nos agaçants courriels indésirés et cette préparation de simili-viande indésirable? Il y a, croyez-non ou le, une filiation directe. Cette filiation tire son origine d’un numéro de comédie qui date de 1970. Une émission de télévision britannique bien connue, Monty Python’s Flying Circus, a créé un sketch devenu célèbre où on utilisait ad nauseam la marque de commerce.
Le sketch se déroule dans un restaurant de qualité médiocre. M. Bun (Eric Idle) et Mrs. Bun (Graham Chapman) désirent y déjeuner, mais la serveuse (Terry Jones) ne leur propose que des plats à base de Spam, une marque de viande en conserve que déteste Mrs. Bun. Les plats proposés contiennent de plus en plus de Spam (« Spam, Spam, Spam, Spam, Spam, Spam, baked beans, Spam, Spam, Spam and Spam »), et Mrs. Bun devient hystérique malgré les tentatives de son mari pour la calmer, hurlant « I don’t like spam! ». L’absurdité du sketch est accrue par la présence à une autre table d’un groupe de Vikings qui interrompent régulièrement la conversation en chantant bruyamment « Spam, Spam, Spam, Spam, lovely Spam, wonderful Spam ».
John Cleese fait une brève apparition dans un rôle de Hongrois parlant un anglais incompréhensible, en référence à un autre sketch diffusé dans le même épisode. Le décor change ensuite et Michael Palin, déguisé en historien, relate l’histoire de la victoire remportée par les Vikings au « Green Midget Café, à Bromley », mais son discours est à son tour infesté de spam, et la scène revient au café et aux Vikings qui entonnent en chœur leur chanson. Les crédits de l’épisode défilent ensuite, et les noms des acteurs et du personnel subissent le même traitement (« Spam Terry Jones », « Michael Spam Palin », « John Spam John Spam John Spam Cleese », etc.)
– Source Wikipédia
Le sketch Spam étant populaire, un message apparut dans un newsgroup, contenant uniquement le mot « spam » répété des centaines de fois, à la manière du sketch. Ce message fut repris régulièrement et finit par atterrir dans d’autres newsgroups où il continua à être diffusé. C’est ainsi que le fait de poster des messages sans référence au thème d’un newsgroup finit par être appelé « spamming ».
Un tribunal de Californie a, en quelque sorte, officialisé le nom dans une déclaration émise suite à un procès civil. En résumé, le jugement disait ceci: “Dans le contexte de l’internet, le terme “spam” issu d’une marque de commerce définit un comportement indésiré, agaçant et répétitif qui tient un discours hors de l’ordinaire, harcelant, offensant ou mesquin qui s’apparente à l’humour britannique démontré dans une pièce de comédie de Monty Python.” (traduction de moi)
Voilà, merci Flying Bum.
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Flying Bum