Sur un bloc erratique deux bêtes vautrées
Sous un soleil de novembre déboussolé
L’astre du jour s’était trompé de calendrier
Et réchauffait la haute pierre comme en mai
Deux beaux coyotes énormes entre tous
Observaient en bas sur le tapis d’humus
La hase trop tôt blanchie prise de frousse
Bien avant que la première neige là ne fusse
Pleurait déjà pauvre bête sa pelure grège
Suppliant le ciel de lui larguer sa neige
Sinon avant l’heure son imparable trépas
Prendrait toutes les allures d’un bon repas
Le plus gros dit je la prendrais sans gêne
Même si depuis toujours je sais une chose
Ces jours-ci sa saveur est plutôt moyenne
Sapinage ou cèdre, mélèze à moindre dose
Mais ne vous excitez pas si tôt cher ami
Même si ma tête connaît tous ses atours
Mon ventre creux n’est en pas moins épris
À son gémissement troublant je resterai sourd
Le second dit moi je ne sais rien d’elle
Dans mon pays on se sustente de riens
Poulettes grises et tristes tourterelles
Je ne sais rien d’elle son goût sera le mien
Rien que les mots des autres bêtes
Qu’un vent complice porte à mon oreille
Qu’elle court et bondit le coeur en fête
Et la sensation que sa douceur éveille
Pourquoi je la suspecte si goûteuse
Mes salives s’énervent sans pourtant savoir
Mon ventre me crie qu’elle est savoureuse
Sa chair ne saurait que mon corps émouvoir
La hase écoutait toute coite sa mise à l’enchère
N’aurait pour rien au monde voulu leur déplaire
Elle bondit au plus gros offrir sa pauvre chair
Gardant son dernier regard pour l’autre compère.
Flying Bum
J’aime beaucoup! Ça sent le sous-bois, l’épinette et le sang frais… 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Morale, s’il en est.
Le temps est coureur
le rêve est gourmand
de jour et de cèdre
de ciel et de vent.
J’aimeAimé par 1 personne
La neige s’en vient ce soir heureusement pour toutes ces pauvres bêtes déjà blanches avant l’heure.
J’aimeAimé par 1 personne