Touskis du vendredi

Tout ce qui traîne et que je vous sers en salade le vendredi parfois, mots de moi, mots des autres sur une romaine à quinze dollars la botte, sauce passée date.


 

Un grain de sable

C’est quoi? demande-t-il.

Du sable dans mes dents, répond-elle.

Salé? demande-t-il.

Non, ça ne goûte rien.

Laisse-moi faire, je vais essayer de t’en débarrasser.

La fille ferme ses yeux et ouvre la bouche et le garçon recherche le grain de sable dans ses dents.

Quoi, as-tu échappé ton sandwich dans le sable, il dit.

Non, elle bouge la tête de gauche à droite aller-retour, je n’ai rien mangé de la journée. C’est juste tellement venteux ici au bord du lac.

Elle lui montre encore sa dent et le garçon observe. Il monte ses mains vers le visage de la fille mais il ne la touche pas. Il place ses yeux en face de sa bouche comme s’il essayait de voir le lac au travers d’elle, placée ainsi sa bouche était comme un télescope, le lac une sorte d’âme. Le lac attendait tranquille. Le lac frémissait. Le lac s’excitait. Le vent n’avait pas l’air de savoir ce qu’il faisait. Les mains du garçon enveloppent finalement les joues de la fille.

C’est bien d’être seuls ici, tous les deux, seuls avec le lac, dit-elle.

Ils ont baissé les yeux et elle a tiré sa langue devant ses dents avant de cracher de côté et elle dit, embrasse-moi, ça devrait marcher.

Et le garçon l’embrasse longuement mais il est incapable de trouver quoi que ce soit. Il n’a trouvé qu’elle à l’intérieur de sa bouche. Il n’existe pas le moindre grain de sable au monde capable de le convaincre qu’il existait autre chose qu’elle.

Le lac a bougé un peu. Tout le reste attendait.

Ce n’est que plus tard au souper, en croquant son repas, que le garçon a senti le grain de sable qu’il avait attrapé dans la bouche de la fille. Et maintenant ce grain de sable était tout ce qu’il pouvait goûter peu importe combien de fois il se rinçait la bouche.


 

Les mots des autres

Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien

Extrait, Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien.


 

Antarctique

Au bout de la rue, sous la rue, un tuyau de béton d’un mètre. L’hiver avec l’eau gelée au fond et l’épaisseur des cristaux de glace limpides qui collent aux parois comme autant de diamants géants, il ne reste guère qu’un demi-mètre d’espace au centre du tuyau.

L’homme trouve le garçon dans le tuyau et demande, qu’est-ce que tu fais là?

Le garçon le regarde comme si l’homme devrait déjà savoir la réponse.

Le garçon lui répond, je cherche l’Antarctique. Plus tard, à la maison, la femme de l’homme le surprend immobile devant la fenêtre, à fixer longuement la poussière de neige qui commence à descendre lentement en spirale dans la lumière crue de la fin d’après-midi et lui demande, à quoi penses-tu? Pour la millionième fois il la déteste lorsqu’elle le surprend ainsi mais il la détesterait encore davantage si elle ne le questionnait jamais alors il hausse les épaules et dit, je pense à l’Antarctique.

Il y retourne le lendemain mais le garçon n’est plus là. Il l’attend parce qu’il sait qu’il y a quelque chose d’autre qu’ils avaient besoin de se dire mais qu’ils ont probablement oublié. Le ciel métallique s’épaissit ; l’heure avant la chute de la neige. L’homme relève et resserre son collet et rentre à la maison et sa femme l’attend dans la cuisine, debout, nue. La neige est commencée, la grosse bordée; par les fenêtres, la maison baigne dans des boules de coton blanc et la seule couleur qui existe dans la cuisine toute blanche est le vert lime des ongles de la femme. La neige tombe, puissamment et ils ne peuvent se réchauffer peu importe l’énergie que leurs corps mettent à exulter.

Plus tard il fixe encore la neige, debout à la fenêtre et sa femme demande, Antarctique? mais comment peut-elle savoir qu’il est à plus d’un million de kilomètres de là avec un petit garçon dans un tuyau de cristaux limpides.

L’homme retourne au tuyau et s’accroupit sur les genoux et sur les mains. Ses épaules passent tout juste mais il les écrase contre lui. Il s’apprête à ramper dans le tuyau, cherchant son chemin vers le nouveau continent lorsqu’un étranger s’approche et lui demande, qu’est-ce que tu fais là?

L’homme le regarde comme si l’étranger devrait déjà savoir la réponse.


 

Les mots des autres

Zappa citation

“La plupart des journalistes rock sont ceux qui ne savent pas écrire, interviewent des gens qui ne peuvent pas parler, pour des gens qui ne savent pas lire.” Frank Zappa


 

 

“Pour devenir centenaire, il faut commencer jeune.” René de Obaldia


Le s en aluminium

 

“Le gros “S” dans la contre-porte d’aluminium qui avait toujours été là et qui venait me rassurer, seul témoin survivant pour témoigner du puissant lien qui m’attachait à cette maison.”

Extrait, La première tempête, Le retour du flying bum.

(le plus petit des garçons, c’est lui le flying bum)


 

Flying Bum

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