Matins béants

La nuit un cinéma
sur un écran de paupières molles
dans une tempête de draps
un opéra de sorcières folles

La nuit un Fellini
des sirènes et des chants
amants maudits et culs bénis
milliards de mots tous en même temps

La nuit un cinéma
les morts sont bien vivants
les vivants qui sont morts déjà
des bêtes des chimères et des gens

La nuit son supplice
coeur conscience qui va qui vient
horreurs douleurs ou tendres délices
ami perdu amantes nues sourient au loin

La nuit ma reine du drama
perdus flottent les naufragés
de la courtepointe prisonniers
dans la fièvre d’un drap sauna

La nuit les grands esprits
partis peupler le dessous des lits
avec les moutons qui roulent
les génies qui perdent la boule

La nuit s’enfuir courir dehors
la meute vorace qui colle au cul
la main s’accroche le pied se tord
l’habit se couds-tu? le grain se mouds-tu?

La nuit bleue l’aurore l’horizon
mirage éternelle hallucination
sans forces au bout de son sang
le jour pressé de prendre son rang

Gribouillis génériques lèchent l’écran
autant en emportent les quatre vents
derniers songes au matin débarrassent
la charge le licou grand bien me fassent

Matins béants un autre grand trou
lévite gracieusement l’éternel enfant
au dessus des clowns et des fous
perd le souffle et tombe dedans

 


Flying Bum

New_pieds_ailés_pitonVert

3 réflexions sur “Matins béants

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